Abstract
(Environmental Problems and Urban Trees in Mexico City). Throughout the description of the principal environmental problems like atmospherical pollution, erosion and population growth, we proceed to analyse in a general way, the most important activities that affect urban street trees in Mexico City like species selection, tree plantation, site reserved to the trees and tree maintenance. Some suggestions are included at the end like solutions to solve this problem.
Le Mexique est un pays intertropical situé entre 14°30’ et 32°42’ de latitude nord. Bordé par les États Unis et I’Amérique Centrale, avec 2 millions de km2 d’extension et une population de 80,000,000 d’habitants, il est divisé en 32 états et un District Federal. La ville de Mexico, avec 0.1% du total de la superficie du pays, présente plusieurs problèmes environnementaux qui seront décrits dans le present article.
Mexico
La ville de Mexico comprend une partie du District Federal (D.F.), et une partie de I’État de Mexico. Elle se retrouve à une altitude de 2 240 m et à une latitude de 19°30’ (13).
Géographiquement, elle est entourée de montagnes, situation qui offre les conditions propices à la formation très fréquente d’inversions thermiques. Pendant ces inversions, principalement en hiver, les polluants s’accumulent dans une couche d’air peu épaisse que les vents très faibles prennent beaucoup de temps à disperser.
Le climat de la ville est tempéré, moyennement sec, et sans hiver bien défini. La precipitation annuelle moyenne varie de 700 à 800 mm; il y a en moyenne 80 jours de pluie qui se distribuent entre mai et octobre (9). Les conditions de climat favorisent I’activité des vegétaux durant toute I’année.
La Population
Au début du siècle la population du Mexique était de 15.2 millions d’habitants. En 1940, elle passait à 19.6 millions et en 1986 à 66.8 millions. On prévoit que pour I’an 2000, le Mexique aura 108 millions d’habitants.
La population rurale en 1940 était de 12.7 millions (64.9% du total) ce qui indique que les deux tiers des mexicains habitaient à la campagne. Actuellement, c’est la population urbaine qui représente les deux tiers du total (66.2%). On cacule que pour I’an 2000, 75% des gens habiteront les zones urbaines (13) (Les figures 1 et 2).
Quant à Mexico, on y retrouve la concentration démographique la plus élevée du pays, soit 22% de la population totale (6). Nous sommes en presence d’un phénomène sans precedent: en 1910, il y avait moins de 500 mil habitants, en 1930 il y avait déjà 1 million d’habitants, en 1940, 1.5 millions d’habitants et en 1986 on passe à 17 millions (quelques auteurs rapportent déjà 20 millions!). Ce chiffre astronomique, vient d’une part d’un taux d’accroissement élevé de la population et d’autre part surtout de (‘immigration des gens de la campagne vers la ville. On calcule que mil personnes arrivent chaque jour à Mexico (6).
L’environnement
La ville de Mexico est considérée comme une des villes les plus grandes du monde, qui présente de sérvieux problèmes d’environnement, en particulier de pollution atmosphérique, d’erosion et d’une grande concentration de la population.
En premier lieu, on peut considérer qu’elle possède I’indice le plus haut de pollution atmosphérique du pays. Les données indiquent que dans la décennie de 1974 à 1984, les moyennes annuelles des concentrations de particules totales en suspension et le dioxide de soufre (SO2) dans I’atmosphère de la ville, ont considérablement augmenté. Dans la zone nord-est, la concentration moyenne de particules totales en suspension est passée de 65mg/m3 en 1974 à 400mg3 en 1984. Pour le SO2, il est passé de 60mg/m3 en 1974 à 120mg/m3 en 1984 (13). Bauer (1) remarque qu’il existe des concentrations d’ozone, de dioxide de soufre, et de nitrate de peroxyacétyle (PAN) qui atteignent des niveaux phytotoxiques et que la source la plus importante provient des voitures.
D’autre part, on relève plus de 2.5 millions de voitures et une quantité astronomique d’établissements industriels et commerciaux (13). En 1977, 21% du total des établissements industriels et 30% du total des établissements commerciaux du pays se retrouvaient dans la ville. Diaz et al (6) rapportent que 50% de Industrie du Mexique était concentrée à Mexico et qu’elle utilise 46% de la main-d’oeuvre spécialisée du pays, concentrée dans une superficie qui représente entre 0.1 % et 0.18% du territoire national (4).
Quant à la pollution par le bruit, la ville de Mexico enregistre des niveaux de bruit intermittent de plus de 100 dB(A) et des niveaux de bruit permanent de 75dB(A) dans les zones voisines de I’aéroport et les voies de circulation les plus importantes. Ces chiffres sont inquiétants quand on sait que les pertes d’audition commencent avec I’exposition prolongée (8 heures) à des niveaux qui vont entre 85 et 90 dB(A) (13).
L’érosion
D’après le Ministère de I’Ecologie (13) 85% de la superficie du Mexique, présente divers degrės d’érosion; 24% du total possède une erosion moyenne et 47% une erosion accélérée dont 16% se trouve en danger de desertification. Annuellement 2,8 tonnes à I’hectare de sol fertile sont perdues par les effects de I’érosion.
Pour la ville de Mexico, I’érosion du sol devient un problème severe. Le haut niveau de densité de la population pousse I’urbanisation en transformant les espaces verts en nouveaux lotissements urbains (2). De plus, de fré-quents nuages de poussière provenant de I’ancien lac de Texcoco envahissent Mexico. Ils provoquent des maladies respiratoires et gastro-intestinales qui coûtent annuellement $420 000 000 de pesos tant en dépense medicales qu’en perte de jours de travail (14).
L’ancien lac de Texcoco est situé à I’intérieur de la vallée de Mexico. II présente plusieurs problèmes comme la salinité du sol, I’insolation élevée tout au long de I’année et un mauvais système de drainage qui rendent très difficile la presence de la vegetation. Quarante-cinq pourcent de la superficie de Texcoco est complètement dénudée même en espèces herbacées (14); actuellement plusieurs travaux de recherche se font pour determiner les espèces capables de survivre dans les conditions du site en presence (7).
Les espaces verts et la diversité d’espèces
Entre 1950 et 1970, les zones boisées entourant la ville de Mexico ont diminué de 20% et les zones agricoles de 50% (11).
Pour les espaces verts, la ville de Mexico ne compte que 3.10 m2 en moyenne par habitant d’après les données publiées récemment par le gouvèrnėment (8). Ce chiffre est loin de la norme internationale de 9 m2 d’espaces verts par habitant (10).
Rapoport et al (10) présentent une discussion très intéressante concernant la diversite des données trouvées quand à la moyenne d’espaces verts de Mexico, et autour de minimum d’espace vert recommandé par habitant dans le monde. Pour Mexico, les données varient d’apres les différents auteurs entre 0.41 m2 et 3.10 m2 par habitant. Quant aux normes recommandées ailleurs, Contardi (10) signale que le plan regional de New York propose 11 m2 par habitant; Le London County plan calcule 16m2 par habitant; le plan d’extension de Paris 17 m2 et le Gosplan de I’Union Soviétique, 60 m2. Devant ces différents chiffres, il semble clair que Mexico est loin du minimum recommandable par habitant.
Concernant la diversite d’especes urbaines il est intéressant de ramarquer que Cayeros (3) rapporte 52 families, 107 genres et 159 espèces différentes seulement pour les angiospermes de la ville de Mexico. Les essences principales retrouvées sont: Fraxinus uhdei, Populus sp., Liquidambar styraciflua, Ligustrum lucidum, Erythrina coralloides, Jacoranda mimosifolia, Platanus occidentalis, Alnus agruta, Taxodium sp., Schinus molle, plusieurs espèces de Cupressus, d’Eucaliptus et des Pinus; Salix bonplandiana, S. nigra, Ficus elastica, F. retusa et plusieurs arbres fruitiers comme Cytrus sp., Pyrus communis, Prunus capulii, etc.
Situation de I’arbre à Mexico
Durant la dernière décennie, le gouvernement a répondu à I’appel des écologistes qui demandaient que I’on plante des arbres à Mexico pour réduire le deficit en espaces verts qui est de 75% inférieur au minimum que recommandent les normes internationales. L’effort reste cependant fort modeste en ce qui concerne I’entretien des arbres et la preparation d’un plan d’aménagement et de gestion efficace. Cette situation se manifeste dans la selection des essences, les methodes de plantation et d’entretien et les espaces reserves aux arbres le long des rues (15).
Au moment de la selection des essences, on ne choisit pas nécessairement les plus résistantes aux stress urbains et aux conditions édapho-climatiques particulières à chaque zone. Cet état de chose ne depend pas seulement de la ville mais aussi des pépinières qui produisent les arbres. Celles-ci ne répondent pas à la diversite des besoins ou offrent des essences peu adaptées (8, 15). La pépinière devrait répondre aux besoins spécifiques des programmes de reboisement et non le contraire. On ne devrait pas planter en fonction des essences disponibles en pépinière mais bien en fonction des choix établis sur la base des conditions du milieu.
La population d’arbres urbains à Mexico est très diversifiée et la distribution d’arbres par rue, les conditions générales de croissance et les traitements sont aussi fort divers d’un arbre à I’autre. Macias (9) rapporte dans son travail des résultats similaires: “Les espèces végétales utilisées dans les zones vertes, sont très hétérogènes quant à leur origine, hauteur, forme de la cime et application des soins”. On observe I’util-isation aussi bien des espèces indigenes qu’introduites et une tendance à utiliser des espèces feuillues est manifeste. On a besion d’une recherche plus approfondie sur le type d’arbre, feuillu ou conifère, le mieux adapté aux conditions urbaines (tout en tenant compte du climat).
Lors de la plantation les problèmes sont varies. Parmi les plus importants mentionnons les conditions de sol, I’espacement entre les arbres et la période de plantation. Pour combler I’espace autour des racines dans le trou de plantation, il faut employer une terre de bonne qualité. Cependant, la terre utilisée à cette fin provient des excavations et ne subit aucun traitement d’engrais ou de tamisage (8). Aussi I’équidistance entre les arbres est un autre facteur qui n’est pas pris suffisament en compte au moment de la planification des operations de plantation. Quelle que soit I’espèce en presence, ou la forme de la tige, on a tendance à maintenir constant I’espacement entre les tiges dans I’alignement. Quant à la période de plantation, elle est très importante étant donné que Mexico dispose de peu d’eau pour les arrosages et que les arbres récemment plantés nécessitent une irrigation fréquente durant la premiere année. II faut done profiter du debut de la saison des pluies, soit le mois de mai, pour initier les plantations. Cependant, des essais ont été realises en dehors de la période des pluies et la quantité d’eau d’arrosage a été insuffisante pour le bon développement des végétaux. Le programme de Rehabilitation du Bois de Chapultepec, realise de septembre à décembre 1985, en est un exemple recent (15).
En ce qui concerne I’espace reserve aux arbres à Mexico on peut mentionner que s’il y a des normes pour la dimension des trottoirs et des terrespleins, pour les espaces neecessaires aux canalisations d’eau, telephone, électricité, éclairage public et feux de signalisation, aucune norme n’est prévue à Mexico pour assurer I’espace nécessaire à I’arbre qui borde la rue (8). La consequence immediate est que I’arbre planté là où rien n’a éte planifié pour lui, occupe un espace trop restreint qui implique des problèmes de développement des racines, d’echange d’air et d’eau et des contraintes au niveau de la cime, des racines et de I’arbre luimême. Tout ceci conduit à des actions inconsidérées comme la taille excessive ou bien, I’élimination complete de I’arbre.
Un autre facteur qui affecte la presence des arbres dans quelques Municipalités de Mexico est la proliferation des établissements commerciaux ou culturels. On observe I’absence d’arbres face à ces établissements. Ce sont des fleurs et des arbustes ou bien du pavage permettant le stationnement des voitures qui occupent la place. D’autres raisons qui expliquent la disparition ou la mort des arbres sont les travaux de construction à I’entrée des maisons privées ou bien, I’enlèvement par les locataires des arbres morts, mourants ou dans un mauvais état de santé.
Les municipalités devraiont surveiller soigneusement les emplacements normalement reserves aux arbres étant donné la tendance importante à changer I’utilisation du sol en bordure des rues dans quelques quartiers. L’occupation par les commerces et les établissements culturels semble affecter le paysage de façon importante. De plus, ces constatations démontrent la nécessité d’établir des regies et des pénalités en relation avec les traitements reserves aux arbres lors de travaux de construction, d’accidents ou d’actes de vandalisme volontaires ou involontaires. II faudrait aussi, contrôler la substitution par les citadins du lieu des individus malades.
Pour pourvoir bien saisir la situation de I’entretien des arbres à Mexico, il est important avant toute chose de rappeler que depuis 1978 des millions d’arbres ont été plantés. Le but vise par le gouvernement de produire 135,000,000 d’arbres, a été non seulement atteint mais dépassé (5, 12; Ing. Edurado Cardenas, communication personnelle). Cependant, ce programme de plantation n’a pas été suivi d’un effort nécessaire et aussi important d’entretien et de soins après plantation.
Aujourd’hui, les problèmes relies à la santé des arbres sont principallement physiologiques. La taille inadequate, le vandalisme, les blessures mécaniques ou les racines dénudées sont les problèmes les plus courants retrouvés dans ce milieu urbain et qui plus est, engendrent de graves consequences. Ceci nous indique que la condition des arbres à Mexico pourrait être fortement améliorée avec des actions appropriées telles que la protection des arbres lors des travaux de construction, I’éducation de la population et la formation de jardiniers, principalement ceux qui sont charges de I’élagage.
Les problèmes entomologiques ou pathologiques fréquemment rencontres sont sans doute la consequence d’un état d’affaiblissement general des arbres. En offrant un meilleur environnement et un bon site aux arbres urbains, leur état de santé s’améliorerait et ils pourraient mieux se défendre contre les maladies et les insectes.
Conclusions
La description des problèmes environnementaux nous permettent de comprendre une situation très complexe: sur 0.1% du territoire habite 22% de la population du pays et 1000 personnes arrivent à chaque jour à Mexico! La concentration de la population nous amène aux problèmes d’erosion, d’utilisation du sol et de pollution athmosphérique. C’est justement dans ce contexte que I’arbre prend une inmense importance.
Parler des benefices des arbres en milieux urbains serait de trop ici, cependant actuellement à Mexico la foresterie urbaine est dans une étape importante au niveau de la production et de la plantation bien qu’avec de grandes lacunes ay niveau de la planification, regiementation et entretien adėquat. Les problèmes qui afectent I’état de santé des arbres commencent avec la planification des travaux urbains. Les arbres, seraiont beaucoup moins affectés si, lors du reboisement, on effectuait un choix judicieux des essences mieux adaptées au site de plantation. Par ailleurs, les problèmes seraient très largement diminués si lors de la planification et de la plantation, on avait une vision à long terme, en prévoyant I’espace nécessaire pour des arbres adultes, en réduisant les risques d’interférence avec les diverses infrastructures et en considérant les inconvénients éventuels que peuvent consituer les arbres dans I’habitat humain. L’entretien constant des arbres est une condition essentielle pour leur bon développement.
Quant à la regiementation, le fait de ne pas tenir compte de la presence des arbres dans les lois qui régissent (‘utilisation des espaces disponibles le long des rues à Mexico, explique en grande partie I’état lamentable du pare arborescent analyse. Tant et aussi longtemps que cette situation prévaudra, il sera toujours très difficile de maintenir en bon état I’ensemble des arbres d’alignement dans le péri-mèntre considéré.
Finalement pour I’entretien, on considère urgent de procèder à (‘application d’un inventaire aussi specialise que possible pour avoir un registre organise d’une grande quantité de données que’en ce moment les municipalités ne possèdent pas, et qui nour faciliterait I’elaboration des plans de gestion et I’organisation des activités d’entretien d’une façon realiste.
II est indispensable aussi de commencer à former une équipe de techniciens et de spécialistes entraînés à resoudre le genre de problèmes.
La qualité du paysage urbain est associée à la presence d’un pare arboré de qualité. Cette qualité ne peut être assurée que si on se donne les moyens correspondants à I’intérêt de la population et de (‘administration qui en a la responsabilité. Cette administration ne pourra répondre d’une façon satisfaisante à I’attente de la population que dans la mesure où elle peut connaître adéquatement la condition des arbres. Seul I’inventaire de la population arborée peut lue permettre d’avoir une telle connaissance.
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